- HAÏTI - Actualité (1990-1996)
- HAÏTI - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique d’HaïtiPolitique intérieureLe 20 janvier 1990, le gouvernement militaire du général-président Prosper Avril instaure l’état de siège, qu’il lève le 29 devant les protestations de l’Église et les pressions économiques des pays occidentaux.Le 10 mars, le général Avril démissionne et quitte le pays, après de violentes manifestations à l’appel de l’«assemblée de concertation», qui regroupe les 12 principaux partis politiques haïtiens. Le 13, Mme Ertha Pascal Trouillot est nommée président civil provisoire par l’«assemblée de concertation».Le 16 décembre, les élections présidentielle et législatives se déroulent de façon régulière en présence d’observateurs étrangers. Le père Jean-Bertrand Aristide, adepte de la théologie de la libération et partisan d’une plus grande justice sociale, soutenu par le Front national pour le changement et la démocratie, l’emporte dès le premier tour avec 66,7 p. 100 des voix. Il prendra ses fonctions le 7 février 1991.Le 6 janvier 1991, le docteur Roger Lafontant, ancien chef des «tontons macoutes» (milice créée par le dictateur François Duvalier et dissoute après la chute de son fils en 1986), tente de prendre le pouvoir après avoir contraint le président par intérim à démissionner. Le 7, les soldats loyalistes obtiennent sa reddition. La chasse aux partisans de l’ancien régime fait une centaine de victimes dans les grandes villes.Le 30 septembre, le président Aristide est renversé par un putsch sanglant, et le général Raoul Cédras prend le pouvoir. Le père Aristide parvient à quitter le pays.Le 7 octobre, le Parlement, réuni sous la menace des forces armées, vote la destitution du père Aristide et élit président par intérim Joseph Nérette. À Port-au-Prince, l’armée continue à faire régner la terreur.Le 23 février 1992, les négociations menées sous l’égide de l’O.E.A. à Washington entre le président Aristide et des parlementaires haïtiens aboutissent à un accord sur le retour de ce dernier et le rétablissement de la démocratie.Le 6 mars, Joseph Nérette rejette l’accord de Washington et, le 27, la Cour suprême le déclare inconstitutionnel.Le 2 juin, Joseph Nérette nomme Marc Bazin Premier ministre, en remplacement de Jean-Jacques Honorat, désigné par l’armée après le renversement du père Aristide. Cette décision concrétise l’accord conclu le 8 mai par l’exécutif provisoire, l’armée et une délégation de parlementaires.Le 8 juin 1993, démission de Marc Bazin.Le 16 juin, le Conseil de sécurité de l’O.N.U. menace le régime haïtien d’un embargo total sur le pétrole et les armes si un accord prévoyant le retour du père Aristide n’intervient pas avant le 23. Cet accord est signé à Governors Island (New York) le 2 juillet par le général Cédras et, le 3, par le père Aristide, qui doit rentrer dans son pays le 30 octobre. Les sanctions sont suspendues en août.Le 2 septembre, installation du gouvernement de Robert Malval, nommé par le président Aristide, en application de l’accord de Governors Island.Les auxiliaires de police en civil multiplient les agressions contre les partisans du président Aristide avec la complicité passive de l’armée.Le 14 octobre, le ministre de la justice Guy Malary est assassiné.Le 15 décembre, Robert Malval démissionne après avoir échoué à convoquer une «conférence de réconciliation nationale».Le 1er mars 1994, les députés adoptent un plan de règlement de la crise haïtienne, approuvé par les États-Unis et l’O.N.U. mais rejeté par le père Aristide.Le 11 mai, la junte désigne Émile Jonassaint, ancien président de la Cour de cassation, comme chef de l’État à titre provisoire. Le 12 juin, devant les menaces américaines d’intervention armée, celui-ci proclame l’état d’urgence. Les boat people continuent de fuir l’île; ils atteignent le nombre de 16 000 en juillet.Le 1er août, au lendemain de l’autorisation accordée aux États-Unis par l’O.N.U. d’intervenir militairement à Haïti, le président Jonassaint décrète l’état de siège.Le 28 septembre, à la suite de la conclusion d’un compromis avec la junte au sujet du retour au pouvoir du président Aristide, le Parlement se réunit à la demande de ce dernier afin de voter la loi d’amnistie prévue par le compromis. Elle l’adoptera le 7 novembre.Le 4 octobre, le lieutenant-colonel Michel François, chef de la police militaire et l’un des 3 dirigeants de la junte au pouvoir depuis septembre 1991, s’enfuit en république Dominicaine. Le 10, le général Raoul Cédras démissionne de ses fonctions de commandement en chef des forces armées et le général Philippe Biamby de celles de chef d’état-major. Ils se réfugieront au Panamá le 13.Le 15 octobre, le président Aristide est accueilli à Port-au-Prince dans une atmosphère de liesse.Le 24 octobre, il nomme l’homme d’affaires Smarck Michel, l’un de ses proches, Premier ministre.Le 17 septembre 1995, le mouvement Lavalas, qui soutient le président Aristide, remporte 17 des 27 sièges au Sénat et 68 des 83 sièges à la Chambre des députés. Les autres partis avaient lancé des appels au boycottage pour le second tour, à la suite des irrégularités relevées le 25 juin, lors du premier tour.En octobre, le Premier ministre Smarck Michel, critiqué pour sa politique d’austérité, démissionne. Il est remplacé par Claudette Werleigh, ministre des Affaires étrangères.Le 17 décembre, l’ancien Premier ministre René Préval, candidat du mouvement Lavalas, remporte l’élection présidentielle dès le premier tour, avec 87,9 p. 100 des suffrages. Le taux d’abstention s’élève à 72 p. 100. Le président Aristide, qui ne pouvait briguer un second mandat consécutif et qui avait envisagé de se maintenir au pouvoir 3 années supplémentaires afin de compenser son temps d’exil, n’a soutenu la candidature de René Préval qu’au dernier moment et sans conviction.Le 7 février 1996, René Préval succède à Jean-Bertrand Aristide à la tête de l’État. L’année reste marquée par la persistance des violences.Vie économiqueEn 1991, le putsch qui a renversé le père Aristide prive Haïti de l’aide internationale, qui constituait la plus grande partie de ses ressources extérieures. Mais le pays paraissait au bord de l’effondrement économique dès avant le coup d’État: le café, qui avait été la première source de devises étrangères, ne rapportait plus que quelques millions de dollars à l’exportation; le tourisme, autrefois florissant, avait presque entièrement disparu.En 1994, le président Aristide découvre, à son retour à Port-au-Prince, une situation économique encore dégradée du fait, notamment, de l’embargo commercial imposé par l’O.N.U. Seule l’aide humanitaire évite au pays – le seul en Amérique latine à être classé parmi les «pays les moins avancés» – d’être victime de la famine. Dès le 26 août, le président de la banque centrale présente aux bailleurs de fonds de Haïti un plan de restructuration économique et sociale qui prévoit la privatisation de 8 entreprises publiques, le démantèlement des monopoles détenus par les grandes familles haïtiennes, une réduction du rôle de l’État dans l’économie, la diminution des effectifs de l’armée, la réduction de moitié du nombre des fonctionnaires et la suppression des droits de douane. Le retour du président Aristide a pour effet de faire remonter le cours de la monnaie nationale.En 1995, le gouvernement de Smarck Michel puis celui de Claudette Werleigh mettent en œuvre les mesures imposées par les organismes multilatéraux en vue d’obtenir un plan d’aide de vaste ampleur.En 1996, la politique de rigueur budgétaire appliquée par le gouvernement permet d’assainir les finances publiques en freinant l’inflation et en stabilisant le cours de la monnaie. Mais la croissance s’en ressent. Afin de soutenir celle-ci, le gouvernement privilégie la réfection des infrastructures et la relance de l’agriculture. En septembre, le Parlement adopte les lois de réforme du secteur public qui doivent se traduire par de nombreuses privatisations. Cette reprise en main de l’économie autorise la signature avec le F.M.I. d’un accord d’ajustement structurel qui prévoit d’accorder au pays 1,14 milliard de dollars de crédits sur 4 ans.Relations internationalesLe 28 janvier 1991, le père Aristide effectue à Paris la première visite officielle d’un président haïtien en France.Le 30 septembre, la France, les États-Unis, la C.E.E. et l’O.E.A. condamnent le coup d’État ayant renversé le père Aristide et annoncent la suspension de leur aide économique et militaire.Le 8 octobre, l’O.E.A. décide un embargo total et immédiat.En 1992, des dizaines de milliers de Haïtiens demandent l’asile politique aux États-Unis; des boat people qui gagnent la Floride sont refoulés.Le 17 septembre 1993, le Conseil de sécurité de l’O.N.U. exige des militaires au pouvoir qu’ils mettent fin à la vague de violence. Le 23, il adopte la résolution 867 qui décide l’envoi d’une mission à Haïti, chargée de préparer le retour du président Aristide.Le 11 octobre, les partisans de la junte au pouvoir empêchent le débarquement de la mission de l’O.N.U. Washington ordonne le retour des casques bleus. Le 13, le Conseil de sécurité prévoit le rétablissement des sanctions à partir du 18, si la junte n’a pas quitté le pouvoir d’ici là. Le 15, les États-Unis décrètent le blocus naval de Haïti afin de faire respecter l’embargo. Cette décision est entérinée par le Conseil de sécurité le 16. Le 28, devant l’Assemblée générale de l’O.N.U., le père Aristide réclame l’instauration d’un embargo total contre son pays et demande à Robert Malval de ne pas démissionner.Le 6 mai 1994, l’O.N.U. menace d’imposer à Haïti un embargo commercial total à partir du 22 si les militaires n’ont pas quitté le pouvoir à cette date. L’embargo entre en vigueur à la date prévue.Le 10 juin, le président américain Bill Clinton annonce le renforcement des sanctions adoptées par les États-Unis à l’encontre de Haïti. Les menaces d’intervention armée proférées par Washington se précisent.Le 5 juillet, les États-Unis décident d’orienter les milliers de boat people qui fuient l’île vers des «zones de sécurité» créées dans les pays de la région.Le 31 juillet, l’O.N.U. autorise les États-Unis à employer «tous les moyens» pour permettre le retour du président élu Jean-Bertrand Aristide à Haïti.Le 16 septembre, le président Clinton charge l’ancien président Jimmy Carter d’une ultime mission de négociations auprès de la junte de Port-au-Prince. Le 18, alors que l’opération d’intervention armée est engagée, la junte accepte le compromis proposé par Jimmy Carter. Le texte prévoit le départ à la retraite «anticipé et honorable» des dirigeants de la junte avant le 15 octobre, l’adoption par le Parlement d’une loi d’amnistie, une coopération entre les forces de l’ordre haïtiennes et la mission militaire américaine durant la période transitoire nécessaire au rétablissement des institutions démocratiques ainsi que la levée des sanctions internationales. Le 19, les forces américaines de l’opération internationale Soutenir la démocratie, qui compteront 15 000 hommes, débarquent pacifiquement à Haïti. Le 20, une manifestation des partisans du président Aristide est violemment réprimée, à Port-au-Prince, sans que les soldats américains interviennent. Le 21, Jean-Bertrand Aristide, qui avait critiqué dans un premier temps l’accord avec la junte, exprime finalement ses remerciements au «peuple» américain et annonce son retour dans son pays avant le 15 octobre.Le 24 septembre, 10 policiers haïtiens sont tués par des soldats américains à Cap-Haïtien.Le 16 octobre, l’O.N.U. ordonne la levée des sanctions internationales imposées à Haïti.Le 31 mars 1995, l’opération internationale Soutenir la démocratie cède la place à la Mission des Nations unies en Haïti (Minuha), qui compte près de 7 000 hommes et dont le mandat expire en février 1996.En février 1996, le mandat de la Minuha est prolongé, afin de pallier l’incapacité de la police haïtienne à faire face à la poursuite des violences dans le pays, mais ses effectifs sont diminués. Elle est remplacée, en juillet, par la Mission d’appui de l’O.N.U., la Manuh.En février, Port-au-Prince rétablit ses relations diplomatiques avec La Havane, qui étaient rompues depuis 34 ans.En mars, le président René Préval se rend en visite en république Dominicaine, pays avec lequel Haïti se partage l’île d’Hispaniola. Les 2 États entament le règlement de leurs contentieux bilatéraux et décident d’accroître leurs relations commerciales.
Encyclopédie Universelle. 2012.